Comment ça marche ?

Revenons à la technique. Le principe de base est de mettre en altitude un planeur en le portant sur le dos d’un avion équipé ad-hoc.
 

Le gros intérêt de la technique est que le planeur
et son porteur font corps l’un avec l’autre.
Donc le pilote du planeur n’a aucune action à effectuer
pour suivre l’avion, c’est même préférable. Ceci permet
de mettre en altitude un débutant complet sans risque
pour son planeur et l’avion (combien de remorqueurs
cassés sur une faute du planeur ?), sans aucun stress
des deux cotés.


L’autre gros intérêt est que l’altitude est bien plus élevée qu’au sandow, sans les tracas de la tension à gérer en fonction du vent, de la solidité du planeur, sans les tracas de l’axe du vent par rapport à l’axe du sandow, de la place disponible… Etc… Que du bonheur donc.

Pour cela il faut un avion calme mais maniable, puissant mais avec une bonne portance, capable de voler doucement pour ne pas maltraiter les faibles structures, tout en ayant un taux de montée honorable, facile à piloter car il va falloir décoller et poser toutes les minutes trente environs, soit 40 circuits pour une heure de vol… Je le fais régulièrement sur une après midi de vol avec 5 planeurs à monter… Il faut que ça vole tout seul quoi, car en plus de piloter l’avion, il va falloir gérer la disponibilité de la piste envahie de planeurs à l’attéro et des récupérateurs, toujours utilisée par les autres avionneux, et de plus il est de votre intérêt que la première approche soit la bonne, et que ça se pose aux godasses pour « recharger » vite, et repartir. A propos, j’annonce toujours à haute voix mes décollages et surtout atterrissages, car quand il y a déjà 3 ou 4 planeurs en vol, beaucoup de monde à la tête en l’air…

Rien de tel qu’une aile haute pour porter. Quelque chose du genre gros trainer. Outre qu’une aile haute donne généralement des avions sains et faciles, la mise en place du berceau est évidente. Quelque chose de rustique, mais costaud, fonctionnel. Que du fiable, un moteur aux réglages accessibles et éprouvés, un réservoir visible de l’extérieur (pour vérifier le niveau entre deux montées, sans arrêter le moteur), de grande taille, et des accus de forte capacité, car vos « clients » vont y prendre goût.

La formule éprouvée par deux modèles et un nombre incalculable de portage ? Un avion aile haute donc, 1.8 mètres à 2.30 d’envergure, profil d’aile Naca 4415, plat mais épais, au décrochage bénin, porteur au possible, ne sachant pas vraiment accélérer, des ailerons de forme classique, les full-span perdant trop d’efficacité à basses vitesses. Motorisation de 15 à 30cc pour un poids de 3kg à 6 kg. Réservoir de 350cc à 750cc. J’utilise des volets pour faciliter les attéros et surtout leur précision. Ces volets me permettent aussi d’emmener les planeurs les plus fragiles, la montée se faisant avec un cran de volet, sous forte pente. J’utilise une grande hélice à faible pas. Une 18*6 sur mon MDS 148 pour tout dire. Le faible pas aide à montée sous forte pente sans faiblir, le grand diamètre fait un formidable aérofrein pour descendre.

Le crochet de largage sera très accessible et le plus simple possible, sur le dos de l’avion. Le rechargement d’un planeur devant se faire moteur en marche, par l’arrière de l’avion, sans avoir à bidouiller. Pensez au hachoir à viande qui tourne devant ! Mon crochet me sert aussi pour remorquer.


Le berceau est pour ma part simple, en ctp standard de 3mm, taillé « dans la masse » et renforcé aux angles par des triangles en ctp 1mm aviation. L’écartement entre les deux plaques est de 20cm. Plus et adieu les volets, moins et le planeur aura tendance à s’incliner sur le berceau en vol. Encore moins large et un fuselage joufflu ne passera plus. J’ai à la base deux barres d’écartement en tige filetée de 6mm beaucoup trop solides et lourdes, mais on avait ça sous la main et ça reste vaguement aérodynamique… Astuce de finition en passant, elles sont entoilées à la gaine thermo ! Le bas du berceau est taillé à la forme de l’extrados du profil, et le dessus sera simplement plat. Nous l’avons recouvert avec une mousse moyennement dure de 6mm d’épaisseur. Ceci permet d’emmener n’importe quel profil. Ce plat supérieur sera calé à une incidence de –2 degrés environ. Le planeur porte beaucoup plus que l’avion car il est en survitesse et que l’avion est à assez forte incidence en montée. Ce calage permet de calmer les effets induits par le planeur et surtout de ne pas le faire trop souffrir. Calé à zéro comme j’étais au début, on voit bien les planeurs mous prendre du dièdre.

Pour le système de largage, c’est du très rustique ! Le planeur est tenu sur l’avion par de simples élastiques, fixés au berceau à l’arrière via un anneau, et maintenus par l’avant par deux cames tirées d’une plaque d’alu de 3mm. Ce système fait que l’élastique se dégage de lui-même du planeur qui s’éjecte tout seul. Mes premiers portages en Vendée aux commandes du planeur se sont fait avec un système inversé, larguant par l’arrière. Il fallait que je tire à la profondeur pour me dégager des élastiques restant plaqués par le vent sur mes ailes. Pour la mécanique elle-même, les photos sont je pense plus parlantes que mes discours… Mon berceau se pose sur mon aile et est lui aussi tenu par élastique.



Conclusion

Le portage est une technique connue, mais assez peu pratiquée finalement.
Je n’ai jamais vu d’article technique dans les revues, voilà qui j’espère vous éclairera.
En tout cas, ça plait ! Le seul moyen que j’ai de faire du planeur en plaine, c’est de poser vite Obélix et de piquer la radio d’un copain, je n’ai pas le temps de me monter un planeur !

Pour conclure j’attire votre attention sur l’aspect « vie du club » du portage. Faire construire un planeur à un débutant complet, particulièrement à un jeune n’est pas onéreux et facile, nous en avons l’expérience à Vayres-Modélo. Plus rapidement qu’un avion le planeur sera sur le terrain, et son pilotage est beaucoup moins stressant pour un débutant, aidé en cela par la mise en altitude évidente de simplicité.
Progrès rapide certifié sur contrat ! De plus, l’effet de masse fait une très bonne émulation. Nous avons même créé une journée planeur ! Lors de la dernière, les remorqueurs n’ont quasiment pas volés faute de planeurs remorquables, alors que le porteur n’a pas arrêté de la journée ! N’est-ce pas une preuve suffisante ? Je pense que c’est une bonne solution pour votre « centre de formation ».
Allez, portez-vous bien !



Merci Vayres-Modélo !

Un grand merci public à mon club, qui m’a offert ce moteur MDS 148 (24.5cc)
en remplacement de mon ASP 108 (18cc) perso vieillissant et faiblissant,
et qui me sponsorise en carburant. Mon MDS ne sert qu’au porteur
et ne servira qu’au porteur, jusqu'à sa mort !
Si l’avion lâche, on en fera un autre, non mais !

Nhâlyn Jean-Mi Yvé



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